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Réflexion sur l'existence humaine

 

Naomie Labrosse Noury

 

 

   La vie, la mort. Tout le monde est confronté à ce cycle. Oscar et la dame rose  illustre magnifiquement bien la transition inévitable d’un enfant de dix ans vers l’au-delà.

 

   Éric-Emmanuel Schmitt est un auteur français contemporain qui compte parmi les écrivains les plus lus à travers le globe. Dans son Cycle de l’invisible, il explore plus particulièrement les thèmes de la spiritualité et de l’enfance. Son troisième récit, Oscar et la dame rose, a été récompensé à de nombreuses reprises en France, en Suisse et en Belgique. En 2009, un long-métrage adapté du roman, réalisé et scénarisé par nul autre qu’Éric-Emmanuel Schmitt, prend l'affiche.

 

   Dans Oscar et la dame rose, un jeune garçon de dix ans est atteint d’une leucémie. Étant en phase terminale, il rencontre Mamie Rose, une ancienne catcheuse qui vient lui rendre visite à l’hôpital durant douze jours. Voyant la détresse d’Oscar, Mamie Rose lui propose d’écrire quotidiennement une lettre adressée à Dieu. C’est par ces lettres que la vie complète du jeune Oscar est exposée au lecteur. Mamie Rose donne ainsi une arme précieuse au jeune malade, rendant ses derniers jours plus supportables.

 

   Les personnages que crée Schmitt sont inédits et surprennent le lecteur tout au long du roman. D’abord, au lieu de nommer simplement les enfants, l’auteur attribue à chacun d'eux un surnom curieux. Subtils, ces surnoms révèlent un aspect important de ces personnages. Par exemple, Oscar est un « Crâne D’œuf »  en raison de son cancer et des traitements de chimiothérapie qui lui ont fait perdre ses cheveux ; Bacon est un surnom qui a été assigné à un autre personnage, puisque celui-ci est un grand brûlé. Quant à Einstein, « ce n’est pas parce qu’il est plus intelligent que les autres, mais parce qu’il a la tête qui fait le double du volume » (p.23). Ensuite, il y a Pop Corn, un jeune garçon de « quatre-vingt-dix-huit kilos à neuf ans pour dix mètres de haut sur dix mètres de large » (p. 24). Le dernier enfant possédant un surnom inusité est la jeune fille Peggy Blue. Elle est atteinte d’une maladie du sang qui donne à sa peau une couleur bleuâtre.

 

   De son côté, Mamie Rose est aussi un personnage étonnant. Elle est la seule adulte qui porte plusieurs surnoms dans l’histoire. On la présente d’abord comme étant la « dame en rose ». Les dames roses sont des bénévoles qui viennent rendre visite aux enfants malades de l’hôpital. Il est très facile de reconnaître Mamie Rose, car « c’est la plus vieille de toutes. » (p.12) Son ancienne profession de lutteuse est surprenante, mais bien pensée par Éric-Emmanuel Schmitt. En effet, bien que Mamie Rose laisse paraître une coquille extérieure forte, elle est dotée d’un cœur tendre et aimant.

 

– C’est arrangé : j’ai la permission. Pendant douze jours, je peux venir te voir tous les jours.

[…]

– Douze jours? Ça va si mal que ça, Mamie-Rose?

Elle aussi, ça la chatouillait de pleurer. Elle hésitait. L’ancienne catcheuse empêchait l’ancienne fille de se laisser aller. C’était joli à voir et ça m’a distrait un peu.

 

   Par ailleurs, la narration du roman, de forme épistolaire, est efficace. C’est Mamie Rose qui propose à Oscar de s’exprimer au moyen de lettres écrites à Dieu, car il doit faire face à des parents lâches qui refusent de venir le voir puisqu’ils sont incapables d’affronter la mort imminente de leur fils. C’est en raison de cette situation que Mamie Rose lui propose un jeu, celui des « douze jours divinatoires », qui rend la phase terminale d’Oscar plus tolérable. Chaque jour, il écrit ainsi une lettre dans laquelle il fait semblant d’avoir toujours dix ans de plus et dans laquelle il décrit sa « vie » à cet âge. De la sorte, Oscar traverse chaque étape de la destinée humaine. Le chiffre douze est symbolique ici puisqu’il représente les mois de l’année. Par le fait même, les saisons sont associées au cycle de la vie. La dernière lettre, écrite par Mamie Rose après la mort d’Oscar, est d’une importance capitale. On y voit la « renaissance » d’une Mamie Rose plus forte et déterminée à poursuivre son existence plus positivement.

 

«Merci de m’avoir fait connaître Oscar. […] Grâce à lui, j’ai ri et j’ai connu la joie. Il m’a aidé à croire en toi [Dieu]. Je suis pleine d’amour, ça me brûle, il m’en a tant donné que j’en ai pour toutes les années à venir.» (p.99-100)

 

   Après avoir lu ce roman, il est impossible de ne pas se questionner sur soi-même. Éric-Emmanuel Schmitt sait faire réfléchir le lecteur sur la vie et la mort, mais aussi sur la paix intérieure que chaque être doit trouver à la fin de ses jours, et ce, peu importe quand arrive cette dernière.

 

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SCHMITT, Éric-Emmanuel. Oscar et la dame rose, France, Albin Michel, 2002, 112 p.

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